Qu’elle continue encore ou non à être hantée par le spectre des crises, la Tunisie n’a jamais perdu ses instances statuaires, qui continuent à réfléchir sur l’avenir des secteurs sensibles et sur la manière dont ils sont aujourd’hui dirigés. Le Président de la République sait parfaitement que la priorité serait de mettre fin à l’inertie des responsables, d’un environnement et des stratégies dépassés par les événements et par le temps.
En dépit de tous les manquements qui ne cessent de plomber le redressement économique et social, la Tunisie dispose de moyens et de ressources encore valables. La situation, notamment celle de l’après-25 juillet 2021, aurait pu cependant être nettement meilleure. Nul n’est censé être infaillible, mais on a aussi le devoir de se comporter dignement.
La pénurie de carburant qui perdure encore, en dépit des déclarations « rassurantes », reflète l’incapacité de beaucoup de responsables à gérer la crise et leur inaptitude à anticiper les problèmes, encore moins à se projeter dans le temps. Ne dit-on pas justement que gouverner, c’est prévoir et ne rien prévoir, c’est accumuler davantage les défaillances ? …
La plupart de ceux qui sont investis aujourd’hui de missions ont failli. Ils risquent de tout gâcher encore dans la mesure où ils incarnent les syndromes de l’échec, comme cela éclate chaque fois au grand jour.
Il n’est pas question ici d’instruire un procès du système actuel qui, de l’avis même de la majorité écrasante des Tunisiens, ne le mérite pas et qui a réalisé d’indiscutables progrès. Il ne s’agit pas non plus de suivre le courant des hostilités dans lesquelles baignent les commentaires et les accusations lancées à tort et à travers par des intervenants dont personne n’ignore ni l’appartenance politique, ni les agendas qui les font courir, mais c’est le devoir de relever ce que nous considérons comme des erreurs, des manquements et des dérives qui nous hante.
Beaucoup de responsables, essentiellement dans des postes influents, mais privés de discernement, d’imagination, d’initiatives et surtout de compétence, ne cessent de miser sur une conjonction immédiate de facteurs peu favorables. Alors qu’ils auraient dû, au contraire, appuyer et soutenir des stratégies plus efficaces et beaucoup plus mobilisatrices, ou encore tenir des discours convaincants.
Le responsable qui, lors d’un débat de télévision, pense que la priorité devrait être donnée à l’acheminement du carburant aux ministères et départements de souveraineté nous rappelle la gestion du gouvernement Mechichi relative au premier lot de vaccin au début du Covid-19 qui avait été réservé aux ministres et hommes d’Etat de l’époque. Il faut dire qu’en ce temps-là, la prévalence « Le peuple d’abord » ne faisait pas partie des convictions de ce chef de gouvernement qui est l’un des premiers responsables ayant conduit la Tunisie là où elle en est aujourd’hui.
Les problèmes et les défaillances ne rassurent point aujourd’hui sur l’avenir de certains secteurs qui ne cessent de cumuler les tribulations et les déboires. Un bon nombre de responsables d’aujourd’hui, qui n’ont nullement le statut, ni la vocation des hommes de la situation, ne peuvent dans tout cela fournir que ce qu’ils sont capables de faire et d’obtenir. A défaut d’alternatives, mais aussi et surtout de solutions, leur rendement est limité. Il touche des domaines dans lesquels il n’y a plus ni projet, ni ambition. Et le pire est encore à craindre tant que l’économie et les finances de la Tunisie n’ont pas quitté la zone rouge. Car plus ses notations et sa crédibilité chutent, plus le scénario d’une économie en perte de vitesse se confirme.
Il ne vient pas à l’esprit de ces responsables de s’interroger sur les exigences de la période actuelle. C’est dire à quel point ils n’ont aucune conscience de cette réalité. Dans un monde qui rend l’échec inacceptable, seule la culture de la performance est salutaire. Et s’ils ne se montrent pas capables de prévenir et de combattre les manquements sous toutes leurs formes, l’Etat est appellé aujourd’hui, par sa nature et par sa vocation, à ne pas être le reflet de ce que l’on vit partout et chaque jour dans nos activités sociales et professionnelles.
Qu’elle continue encore ou non à être hantée par le spectre des crises, la Tunisie n’a jamais perdu ses instances statuaires qui, en dépit de toutes les défaillances, continuent à réfléchir sur l’avenir des secteurs sensibles et sur la manière dont ils sont aujourd’hui dirigés.
Le Président de la République sait parfaitement que la priorité serait de mettre fin à l’inertie des responsables, d’un environnement, des stratégies et des approches dépassés par les événements et par le temps.
Que tout cela puisse servir de message à tous ceux qui ont, d’une manière ou d’une autre, porté atteinte aux valeurs et à l’authenticité de la Tunisie, qui ne ratent aucune occasion pour jeter de l’huile sur le feu et infecter l’ambiance générale du pays…